
"Aujourd’hui, la communauté savante alerte les organisations internationales pour empêcher le « génocide culturel » du patrimoine arménien des régions d’Artsakh qui, depuis l’accord signé par l’Arménie et l’Azerbaïdjan le 10 novembre 2020, sont passées sous le contrôle de l’Azerbaïdjan. Malheureusement, ce document ne fait aucunement mention du sort qui sera réservé aux plus de deux mille monuments culturels et spirituels arméniens : ensembles monastiques, églises, chapelles, cimetières, mausolées, khatchkars, ponts, forteresses et palais en ruines ou biens des extraordinaires sites archéologiques … tous sont pris pour cible dans l’unique but d’anéantir toute trace de la présence historique arménienne dans la région. Toute l’humanité doit agir pour arrêter ce crime « S'ils se taisent les pierres crieront ! » (Luc 19: 40). "
Anna Leyloyan-Yekmalyan, Maître de Conférences à l'Inalco
Par exemple , le monastère de Dadivank construit au IXe siècle, à 1.100 mètres d’altitude, demeure un précieux témoignage des premières heures de la chrétienté. Avec sa pierre orangée et ses clochers circulaires typiques des églises arméniennes, il se détache avec élégance au milieu de la forêt de l'Artsakh. Sa construction aurait été lancée par saint Dadi, disciple de saint Jude Thadée, apôtre qui diffusa le christianisme dans l’est de l’Arménie au Ier siècle. Avec la finesse de ses sculptures, la diversité de ses motifs décoratifs et ses fresques incroyablement conservées, ce haut lieu de l’architecture féodale fait partie des monuments artistiques les plus remarquables de la région.

La ville de Gif-sur-Yvette a accueilli les 14 et 15 décembre 2019, au château de Belleville, Harut Yekmalyan, artiste arménien de dimension internationale.
L'exposition intitulée "Entre la France et l'Arménie" a permis de découvrir une vingtaine de tableaux.
Formé en Arménie, Harut Yekmalyan, à la fois sculpteur et peintre, est diplômé de l'école nationale des Beaux Arts d'Erevan.
Travaillant différents matériaux, tels que la pierre, le bois ou le bronze, ce créateur, a réalisé des sculptures décoratives et monumentales. Il maîtrise également les arts du dessin et de la peinture et réalise des œuvres.

En cette fraîche soirée du 8 novembre 2019, Claude Mutafian est venu jusqu'à nous, à la salle du Val de Gif, pour évoquer les Arméniens d'Europe orientale, diaspora peu étudiée jusqu'à nos jours. En s'appuyant sur une iconographie riche et variée tirée de son ouvrage paru en 2018 aux éditions des Belles Lettres, à Paris, La saga des Arméniens de l'Ararat aux Carpates, cet historien érudit, homme de terrain, a su captiver un public attentif, avec sa voix forte, sa verve, sa culture remarquable !
Professeur agrégé de mathématiques à l'origine, Claude Mutafian a enseigné cette discipline à l'Université Paris XIII et dans diverses universités étrangères. Auteur de plusieurs livres d'algèbre, il s'oriente depuis 1980 vers une recherche en histoire, en particulier celle de l'Arménie cilicienne et publie de nombreux ouvrages. Il soutient une thèse de doctorat, en 2002 intitulée : Recherches sur l'Arménie cilicienne : la diplomatie arménienne au Levant à l'époque des croisades (XIIe -XIVe siècle) dont il tirera un ouvrage en 2012 édité aux Belles Lettres, L'Arménie du Levant (XIe-XIVe siècle). Il était venu à Gif en 2013 pour nous le présenter au grand bonheur de ses auditeurs.
Comme l'a précisé Claude Mutafian dans l'introduction de son ouvrage de 2018, et l'a rappelé au cours de sa conférence, Varsovie a célébré avec faste, en 2017, un décret de 1367 du roi de Pologne, officialisant la présence arménienne. En la capitale polonaise, "l'anniversaire de cet événement fondateur" 650 ans après, met en lumière "de manière spectaculaire l'existence d'une diaspora arménienne, jusque là passablement oubliée."[1]
En s'appuyant sur de nombreuses cartes, l'historien a dévoilé les routes suivies par les Arméniens dans leur dispersion à partir de la patrie ( Yerkir) vers les territoires des États actuels de Bulgarie, Roumanie, Moldavie, Hongrie, Pologne et d'Ukraine. Il a développé les rapports qui se sont établis entre les communautés arméniennes et les populations locales. Pour cela, en consultant divers manuscrits, il a utilisé les colophons, c'est-à-dire les notes, les remarques du scribe arménien sur la situation, les événements politiques de l'époque.
L'orateur a insisté sur le prosélytisme catholique envers les Arméniens mené en Pologne et en Ukraine occidentale, entraînant la perte de la langue et de l'identité. La soumission à Rome de certains prêtres arméniens comme par exemple Nikol Torosovitch et Vardan Hounanian a facilité la conversion forcée, réussie en Pologne et en Transylvanie. En revanche, les tentatives de conversion furent mises en échec dans les pays à prédominance orthodoxe comme la Roumanie.
Claude Mutafian a fait revivre à travers de nombreuses photographies, (monuments, manuscrits en arménien) les villes habitées par des Arméniens comme Lvov et Kamenets-Podolsky, aujourd'hui en Ukraine, Zamosc en Pologne, Suceava en Moldavie et Gherla (Armenopolis), fondée par les Arméniens à la fin du XVIIe siècle, en Transylvanie.
A la fin de la conférence, la richesse de la documentation a suscité de nombreuses questions. L'historien y a répondu, montrant que ce bel ouvrage est le fruit de nombreuses recherches avec l'aide d'Arméniens autochtones des pays évoqués et de responsables en Arménie des lieux de conservation de manuscrits comme le Matenadaran.
[1] Claude MUTAFIAN, La saga des Arméniens, de l'Ararat aux Carpates, Paris, Les Belles Lettres, 2018, p.7.
Siège : 30, allée de la Bergerie 91190 - Gif-sur-Yvette |
Courriel : aefarmenie.fr@gmail.com Tel : 06 22 70 31 40 |
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