
Sériné Matinyan, étudiante à l'Université d'Idjevan, a eu la gentillesse, à la demande de notre Association, de s'entretenir avec Mme Siranouch M., professeure de français de l'école d'Azatamout, village situé à une quinzaine de kilomètres au nord d'Idjevan. Cet entretien mené en août 2017, a permis de recueillir les impressions d'une enseignante expérimentée, en poste depuis 1976, sur les mutations dans l'enseignement en Arménie au cours de ces quatre dernières décennies. C'est sous la forme d'un dialogue que Sériné résume cette rencontre.
Sériné - Bonjour, je vous remercie d'abord d'avoir eu la gentillesse de nous faire partager votre expérience professionnelle en tant qu'ancien professeur de français.
Un sondage mené par Hotels.com auprès de 8000 voyageurs du monde entier montre que ce n'est pas uniquement la majesté de l'architecture parisienne qui attire des millions de touristes en France chaque année; la sensualité et le charme de la langue contribuent aussi à cette attractivité touristique. Êtes-vous d'accord? Pensez-vous que cette langue mérite d'être étudiée par des millions d'étrangers dans le monde?
Mme Siranouch - D'abord, je constate que je suis à la fois contente et fière d'avoir étudié le français à l'époque soviétique où ce n'était pas si facile. Il n'y avait ni opportunité pour visiter la France, ni possibilité de communiquer avec les porteurs de la langue. Maintenant vous avez de la chance d'avoir des amis étrangers sur les sites sociaux. Ainsi, en leur parlant, en établissant de bonnes relations avec eux, vous pouvez perfectionner la langue, l'améliorer et en faciliter l'apprentissage. Il ne vous reste plus qu'à en profiter!
Sériné- Une langue si mélodieuse, si élégante et si esthétique soit-elle, qui semble extrêmement musicale même pour une oreille étrangère, mérite absolument d'être étudiée et propagée dans le monde entier. Est-ce que quelqu'un vous a orienté dans votre choix professionnel?
Mme S.-À l'école j'ai eu la chance d'avoir un bon enseignant (elle a ajouté avec enthousiasme que c'était le père de Mme Aïda Mardanian, la responsable du département de français à l'université). Grâce à lui, j'ai beaucoup aimé la langue et j'ai commencé à m'intéresser plus profondément à l'apprentissage du français. J'étais vraiment attirée par la musique française, notamment par les chansons d'Adamo. Et quand j'ai commencé à étudier la civilisation française, Paris est devenu mon rêve, la France, le pays des merveilles. C'est ainsi que j'ai aimé cette langue (un sourire aux lèvres, elle ajoute : plutôt tombée amoureuse) et je l'ai apprise.
Sériné- Est-ce que vous n'avez jamais regretté d'avoir choisi cette profession? Cela vous a-t-il permis de viser haut et de vous tenir droite?
Mme S. -Je n'ai jamais regretté, jamais eu d'hésitation, jamais pensé abandonner mon travail. Dans la vie, j'ai eu un chemin difficile, plein d'épines, j'ai dû travailler pour garder mes enfants, pour gagner ma vie et ma profession m'a beaucoup aidée. Ma sœur qui a terminé l'école d'Ingénieur par un diplôme d'excellence est ouvrière aujourd'hui dans les champs de tabac; moi j'ai mon travail à l'école. J'en suis pleinement contente.
Sériné- Pensez-vous que le français soit déçu et découragé par l'influence d'anglais?
Mme S. -L'influence de l'anglais est partout ... C'est vrai qu'à mon époque, le français n'avait pas de problèmes. C'est lui qui régnait. Mais de nos jours, on préfère apprendre plutôt l'anglais que le français, parce que c'est la langue d'internet, la langue de l'ordinateur. Cependant, je trouve que le français a plus de perspectives pour ceux qui l'apprennent que l'anglais. À tous les francophones, je conseille de ne jamais se décourager, bien que l'anglais soit plus parlé, car le français, c'est la langue de l'esprit.
Sériné -Comment imaginez-vous le futur de la langue française?
Mme S -Je n'ai pas beaucoup de choses à dire. Moi, je l'ai appris. Toi, tu l'apprends et les tiens vont apprendre! Il y a un changement remarquable dans l'éducation depuis l'époque soviétique par rapport à aujourd'hui. Ce n'est pas seulement le cas du français mais pour tout. Pour les horaires, par exemple, l'enseignant était présent 18 heures par semaine pour le français autrefois, maintenant on lui demande d'effectuer 22 heures. il est encore plus difficile qu'auparavant de s'entendre avec les élèves, (surtout pour les jeunes professeurs). Les enfants sont un peu plus nerveux, vite excités, cela est sans doute imputable à l'influence de l'ordinateur.
Mme S conclut qu'il faut beaucoup de patience et aussi l'amour de sa profession pour réussir à travailler plusieurs années à l'école. Sériné, admirative, pense que cette enseignante est une heroïne!

C'était le 3 juillet, à Idjevan que nous avons organisé une manifestation autour de la francophonie.
Ce jour-là, la musique française résonnait rue de Valence et les passants écoutaient, surpris et émerveillés, ces sonorités venues de loin. C'était "Sous le ciel de Paris" et aussi des chansons de Charles Aznavour, de Céline Dion, de Garou, d'Indila. Comme cette photographie en témoigne, nous, étudiantes de l'Université, avons collé des affichettes en français sur les murs, les arbres. Des messages étaient ainsi envoyés : "j'aime parler français", "Le français, je le parle par coeur", "Restez calme et parlez français". Ceux qui les lisaient voulaient savoir ce qui était écrit. On a commencé à leur expliquer et à traduire en arménien.
Pour nous, c'était un jour très intéressant. La rue de Valence prenait des airs de fête, elle était pleine de charme avec ces messages et la musique française.
Nous espérons que tout était bien et que cela a plu à notre public.
Sona ENGIBARYAN

Le printemps à Paris!
C'est avec beaucoup d'enthousiasme que les jeunes collègien(ne)s francophones de l'école n°1 à idjevan ont exercé leur talent lors d'un spectacle intitulé "Le printemps à Paris" conçu et dirigé par leur dévouée professeure de français, Hayarpi Tsutsulyan.
Agés de 9 à 14 ans, ces artistes en herbe ont chanté "Sous le ciel de Paris" et ont mimé "Les fées" de Charles Perrault, dans le cadre des journées de la francophonie en Arménie, le 5 mai 2017.
Que de photos et d'applaudissements des parents très émus par les performances de leurs enfants!
Siège : 30, allée de la Bergerie 91190 - Gif-sur-Yvette |
Courriel : aefarmenie.fr@gmail.com Tel : 06 22 70 31 40 |
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